Sujet n°1
Ce texte est issu de la rencontre entre M. Guillaume Pina et Madame Élodie Cabrera, kinésiologues qui ont choisi de co-écrire un article sous la forme de questions/réponses quant au développement qu’est en train de connaître la kinésiologie actuellement.
Présentations
Guillaume Pina est kinésiologue depuis plusieurs années dans la région de Genève. Il est responsable du département Kinésiologie auprès de la fondation IIAMP « International Institute Against Musculoskeletal Pain » dont les recherches sont basées sur la posture humaine. Il est certifié par l’Institut Français de Kinésiologie Appliquée, spécialisé en psycho-traumatologie et stress aigus. Il continue à se former en Kinésiologie Appliquée en Allemagne ainsi qu’à d’autres techniques provenant des domaines neuro-structurels et neurologiques, issues de la chiropraxie et de l’ostéopathie.
Après un cursus dans le domaine de la communication, de l’ingénierie culturelle et de l’édition où elle évolue quelques années durant, Élodie Cabrera se forme en kinésiologie auprès de Monsieur Thierry Waymel, président de la Fédération Française de Kinésiologie et Directeur de l’école Inforted. Installée en cabinet privé à Nice et passionnée par son travail, elle continue régulièrement à se former en post-graduates en kinésiologie mais aussi dans d’autres domaines du mieux-être en parallèle de sa mission au sein de la Fédération Française de Kinésiologie dont elle fait partie aujourd’hui du Conseil d’Administration.
Question de Guillaume Pina à Élodie Cabrera :
Que pensez-vous de la kinésiologie actuellement et du développement qu’elle est en train de connaître ?
Réponse E.C : La kinésiologie a toujours été pour moi une invitation à nous (re)mettre en mouvement. Cette technique permet de libérer les tensions et l’état de mal-être dans lequel le stress, qu’il soit physique ou émotionnel, nous emprisonne.
De mon point de vue, la kinésiologie – dans sa pratique professionnelle – place l’Homme face à lui-même, au centre d’un savoir-faire et d’un savoir-être en constante évolution.
Je considère aujourd’hui cette discipline comme une technique libératrice qui permet à chacun de mettre en lumière ses choix, ses obstacles et ses désirs pour mieux les comprendre puis les résoudre dans une dynamique d’évolution de ce pourquoi nous sommes faits.
Quand j’ai découvert la kinésiologie il y a quelques années, il y avait pour moi quelque chose de « magique » : comment des tests musculaires réalisés par exemple sur mon quadriceps ou mes bras pouvaient-il montrer un changement de tonicité d’une part et révéler des informations justes, ultra-précises même, en rapport au motif de ma consultation ?
Le corps humain a toujours été pour moi quelque chose d’abstrait, relevant d’une biomécanique complexe, presque nébuleuse dont la découverte et le fonctionnement étaient uniquement réservés au domaine médical. Quand j’ai décidé de faire ma formation en kinésiologie, je ne voyais donc le corps humain que comme une enveloppe recouvrant mes muscles et mes os, exprimant parfois des douleurs ou des maladies affectant une zone en particulier qu’il fallait traiter au mieux pour continuer à vivre.
Or, plus j’avançais dans mon cursus en kinésiologie, plus j’étais stupéfaite de trouver tant d’intérêts dans la découverte et la compréhension de l’anatomie humaine car au-delà du fonctionnement purement mécanique du corps humain, j’apprenais aussi que sa physiologie optimale repose sur une multitude de systèmes (articulaire, nerveux, émotionnel, vasculaire, digestif, électromagnétique, endocrinien, etc…). Je prenais conscience qu’il n’y avait là rien de « magique ».
Cette découverte qui n’a certes rien de révolutionnaire pour un public déjà averti a pourtant donné du sens et une dimension supplémentaire à ma pratique par la suite : je constatais que, si chacune de ces structures (articulaire, nerveux, émotionnel, vasculaire, digestif, électromagnétique, endocrinien, etc…) semble posséder ses propres caractéristiques, l’ensemble travaille de manière interdépendante assurant le principe d’homéostasie (du grec hómoios, « similaire »et stásis « stabilité »).
Connue dans le monde entier depuis près d’un demi-siècle, la kinésiologie connaît de nos jours un véritable essor : depuis le début des années soixante-dix, cette discipline a vu se développer plusieurs spécialités.
A l’époque, il s’agissait de proposer des outils au grand public afin que celui-ci dispose et utilise un ensemble de techniques pour soulager douleurs et stress.
Quelques décennies plus tard, la kinésiologie est devenue une véritable profession, encore très souvent méconnue du public en France.
Cependant, et bien que de plus en plus de personnes fassent appel à des kinésiologues, je rappelle que la profession n’est pas encore reconnue en France à ce jour ce qui explique la différence (parfois énorme) entre les formations dispensées. Certaines écoles proposent des cursus en quelques heures, d’autres sur plusieurs années, en présentiel ou à distance comme on a pu le voir dernièrement.
Sous prétexte d’un effet de « popularité » des pratiques dites « new age », on voit parfois des choses abracadabrantesques. Cela me désole car pour moi, la kinésiologie va bien au-delà des techniques et des protocoles enseignés par l’école. Elle n’a rien d’occulte ni d’ésotérique. Elle est une question de connaissances. Libre au kinésiologue de voir comment il va ensuite utiliser ses/ces connaissances, et faire bon usage de sa déontologie au sein de sa pratique”.
Question de Élodie Cabrera à Guillaume Pina :
Certains axent aujourd’hui la kinésiologie comme une pratique “New Age”. Quel est votre point de vue sur cette méthode ?
Tout d’abord, j’aimerais clarifier un point : un couteau n’est pas forcement dangereux, c’est ce que l’on en fait qui peut représenter un danger. Il n’y a pas de « mauvaise » kinésiologie. La kinésiologie peut représenter un danger selon ce qui en est fait, comme toute pratique impactant directement ou indirectement l’humain physiquement ou mentalement.
L’orientation “new age” ou ésotérique de la kinésiologie n’a aucun sens, et maintient cette méthode et son évolution au moyen-âge ce qui décrédibilise les praticiens sérieux qui appliquent une déontologie. Ces pratiques déviantes fragilisent le consultant qui tombe malheureusement entre les mains de « thérapeutes gouroux » qui pensent que tout peut être dit ou fait au nom de quelques théories ésotériques, spirituelles et new age à la mode.
Ce type d’agissements qui sont malheureusement répandus au sein de notre profession limite clairement sa reconnaissance et sa prise au sérieux par d’autres disciplines, qu’elles soient médicales, paramédicales ou issues d’autres horizons telle que l’ostéopathie ou la chiropraxie.
Je pense que la science est un élément clé dans notre métier et que toutes pratiques fantaisistes comme les soins énergétiques, la spiritualité, les recherches d’entités, le channeling, etc… n’ont pas leur place en kinésiologie. A mon sens, un cadre strict devrait être instauré.
La connaissance de la biologie, de l’anatomie et de la physiologie, et leur impact sont des éléments qui devraient être connu en profondeur par tout kinésiologue mais cela est encore trop peu le cas actuellement.
Les technologies telles que l’imagerie médicale type IRM fonctionnelle, l’électroencéphalographie ou même les biologies sanguines ou autres appareils homologués nous permettent de savoir que les techniques kinésiologiques correctement appliquées fonctionnent, et que ces dernières ont un impact positif et une explication scientifique, tout comme les techniques déviantes sont un impact iatrogène aussi bien physiquement que mentalement.
Nous savons aujourd’hui ce qui « marche » et ce qui ne fonctionne pas par des études poussées et grâce à ces machines. On ne peut pas contrefaire ou contredire ce type de résultats, les études effectuées grâce à ces technologies permettent d’en finir avec les pratiques de salons qui travestissent la profession.
Le développement de la kinésiologie professionnelle est compromis par les pratiques ésotérico-new-age et les dérives sectaires qu’elles entraînent. Quelques exemples : diagnostic de maladie ou test de médicaments (réservé à la médecine), utilisation déviante du test musculaire pour voyance, détecteur de mensonges, communication avec des entités, anges, guides, affirmer des faits, etc… La kinésiologie, ce n’est pas ça !
La kinésiologie n’a pas pour vocation de remplacer la médecine ou la psychologie. Rendons à César ce qui lui appartient : elle n’est ni une médecine, ni de la psychologie, ni une thérapie mais une méthode intégrative de santé qui permet d’amener et de créer un nouveau paradigme en mettant le consultant en autonomie dans une démarche pluridisciplinaire où la collaboration intelligente est plus enrichissante que toute démarche isolée pour ses apports par exemple en psychosomatique, amélioration de la détente et du tonus musculaire, en gestion du stress et de la douleur, etc… Elle pourrait être un atout formidable pour le monde d’aujourd’hui si une vision scientifique rigoureuse y était appliquée. Je souhaite que ce futur devienne réalité pour la profession.
Sujet numéro 2 à suivre prochainement…
Contacts
Guillaume Pina
Institut Franco-Suisse de Kinésiologie
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Elodie Cabrera
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