Longtemps controversée, la technique psycho-corporelle basée sur les tests musculaires est conseillée par de plus en plus de professionnels de santé. Le point sur une pratique d’aide et de coaching qui parle au corps pour atteindre les émotions.
Le test musculaire est à la kinésiologie ce que la posture du lotus est au yoga : une image d’Epinal. « Tend le bras et je te dirai tout de toi » : voilà le message le plus souvent associé à cette approche holistique un temps décriée.
Sur le site de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (MIVILUDES), la kinésiologie apparaît au classement des techniques à risques, au même titre que bien des pratiques alternatives souffrant des égarements d’une poignée de pratiquants. « Aujourd’hui, de nombreux professionnels de santé l‘utilisent ou la recommandent, à commencer par des médecins, des allergologues, des kinésithérapeutes; certains dentistes testent même grâce à elle si des couronnes sont bien placées », souligne Camille Anglade, kinésiologue parisienne.
Née dans les années 60, la pratique doit son existence à un chiropracteur américain initié à la médecine chinoise. Celui-ci fait le lien entre muscles, organes et méridiens, puis entre douleurs et émotions. Afin de mobiliser ces liaisons aussi subtiles que décisives, il développe le fameux test musculaire, souvent pratiqué sur un bras tendu. Ce « bio feedback » permet d’obtenir une réponse physiologique à une question, à votre place, en squeezant le mental.
Le corps ne ment pas
Concrètement, comment ça marche ? Pour identifier ces blocages énergétiques, le praticien interroge le corps de la personne qui consulte ; il choisit un muscle, généralement le deltoïde (à l’épaule) car il est facile à allonger, n’est pas fatigant tout en étant puissant. « On applique une légère pression sur le bras tendu, et selon les questions posées, le muscle lâche – quand le corps dit non – ou tient bon – il se « verrouille » – dans le cas où le corps envoie un signal positif », décrit la kinésiologue Camille Anglade.
Le test musculaire ouvrirait ainsi l’accès à la mémoire du corps, qui ne ment pas ou ne s’arrange pas avec le réel. « La baisse de la tonicité du muscle indique la présence d’un stress, d’émotions en contradiction, donc une piste à creuser », éclaire-t-elle. En kinésiologie, les stress sont des déséquilibres énergétiques qui s’expriment en réactions physiques, physiologiques et psychiques.
Identifier notre objectif
Si les tests musculaires appropriés donnent des indications sur l’état global de la personne, ils ne constituent qu’une partie du travail. Lors de la première séance, un entretien complet permet d’écouter la cliente, de saisir ses enjeux et cerner son objectif prioritaire du moment. « Certaines ont déjà réalisé un travail psychothérapeutique et savent précisément pourquoi elles viennent. D’autres devront clarifier leurs motivations », détaille Camille Anglade.
Les questions concernant l’état de santé sont essentielles : « la kinésiologie ne se substitue pas à un avis médical ni à un traitement médicamenteux. C’est une approche complémentaire et ciblée », cadre la professionnelle.
Envie d’arrêter de fumer, d’en finir avec un blocage, une difficulté de vie, un phobie et autres dépendances… tout le monde peut consulter, à condition d’avoir fait le point avec son médecin si des problèmes de santé pré-existent. « Le but est de libérer le corps d’un stress, de déposer nos « valises », si possible en les comprenant mais ce n’est pas obligatoire », expose Camille Anglade.
Beaucoup de femmes la consultent pour le manque de confiance en soi ; les jeunes, eux, cherchent leur voie. Il y a aussi celles et ceux qui souffrent de douleurs physiques récurrentes sans avoir trouvé de solution durable via le circuit médical classique.
« Il faut compter trois à quatre séances espacées d’un mois », conseille la professionnelle. Cela peut aller très vite, comme dans le cas de Victoire qui s’est débarrassée d’un orgelet durci depuis plusieurs mois. « Il était récalcitrant aux compresses d’eau tiède, pommades et antibiotiques. Après la première séance, l’excroissance s’est doucement effacée au bout de trois semaines », témoigne la quadragénaire.
Harmoniser le point de stress
Une fois les blocages identifiés, il s’agit de les dissoudre en dissipant le stress qu’ils retiennent. Stimulation de points d’acupressure, visualisation, mouvements oculaires (la fameuse technique EMDR), ostéopathie, fleurs de Bach… L’harmonisation se fait à l’aide de différentes techniques. « Il est aussi possible de les associer pour plus d’efficacité ; par exemple, je peux stimuler un méridien précis par acupressure pendant que la personne fait des mouvements oculaires et répète des phrases clés qui agiront sur la sphère émotionnelle », illustre Camille Anglade.
Autre outil puissant : la brain gym. Cette gymnastique éducative était au départ destinée aux enfants en difficulté (hyperactivité, troubles du comportement, dyslexie etc.). Aujourd’hui, on y a recours afin d’équilibrer et d’accroitre la circulation de l’information entre les deux hémisphères cérébraux. Elle est efficace pour améliorer les compétences d’un sportif, aider des enfants en difficulté scolaire ou encore cas de traumatisme qui engendre une perte de moyens dans la situation déclenchant le stress – un accident de voiture par exemple.
Une discipline en pleine construction
La kinésiologie continue à enrichir sa boîte à outils avec de nouvelles approches visant à réguler le stress et la vitalité. Ainsi, les concepts d’intégration cérébrale « trois en un » – Three in one® – (émotions, corps, psychisme) vise à rendre la personne autonome via une collection de techniques d’optimisation cognitive éprouvées.
Inspirée de la médecine traditionnelle chinoise, la Santé par le Toucher (Touch for Health) se concentre sur les points neuro-lymphatiques ou neuro-vasculaires pour soulager le corps et libérer les émotions bloquées, souvent cristallisées dans un muscle. Elle s’appuie sur un système de tests musculaires qui peut être appris par tous. Il sera judicieux de choisir son kinésiologue en fonction des techniques qu’il propose.
Source : www.marieclaire.fr/bienfaits-kinesiologie,1324958.asp