Le triangle de Karpman est outil psychologique inventé par le psychologue du même nom dans les années soixante pour expliquer certains problèmes relationnels. Pour cela, il a décrit 3 grands rôles
Comme vous le voyez, la Victime est en bas du triangle. Bien qu’elle soit « victime » et qu’elle subit donc le rôle des 2 autres personnages, c’est elle qui mène pourtant le jeu : sans elle, le Sauveur et le Persécuteur n’ont aucune raison de se rencontrer. La victime est donc le maître du Jeu.
Explications du « Jeu psychologique »
Tout le monde à un moment à un autre de sa vie joue à ce jeu psychologique de manière inconsciente. Les rôles par contre, ne sont pas fixés, et l’on passe très facilement de la Victime au Persécuteur ou au Sauveur.
Dans ce Jeu toutefois, aucun des 3 acteurs n’a envie que la situation ne change car chacun est satisfait de son rôle et en retire un intérêt personnel, créant ainsi un certain équilibre. La Victime ne veut donc pas sortir de son rôle de victime, le Sauveur ne cherche pas vraiment à aider la victime, et le Persécuteur ne cherche pas non plus à enfoncer la victime ; ils font tous semblant comme dans une pièce de théâtre.
L’on retrouve également cette structure dans les contes dramatiques pour enfants : dans Blanche-Neige avec la méchante belle-mère et le Prince charmant / Le chaperon rouge avec le loup et le chasseur / Cendrillon avec sa famille et le Prince…
Le rôle de la victime
Quel(s) bénéfice(s) la Victime tire du fait d’être persécutée ? Elle attire l’attention sur elle, et en particulier celle du Sauveur. Pour des personnes ayant des problèmes de manque affectif, c’est donc la situation idéale pour recevoir de la compassion, de la protection et de l’attention. Elle peut se plaindre : enfermée dans son rôle, elle se sent dans son droit pour se plaindre, ce qui lui fait du bien d’extérioriser ses plaintes. Elle ne veut pas reconnaître ses responsabilités et n’a pas à faire l’effort de changer. Comme elle est la Victime, tout le mal est dû au Persécuteur, et bien sûr cela lui donne l’image d’une personne irréprochable.
Ses phrases favorites sont : « Je fais tout bien et il me fait sans cesse des reproches. » – « Je ne vois pas comment le satisfaire, il n’est jamais content de toute façon. » – « Je n’ai jamais de chance, pour vous c’est plus facile. » – « Tu ne viens jamais me voir. » Ce sont principalement des phrases négatives et généralisatrices.
Tout cela fait que la Victime n’a pas vraiment envie que la situation change ; elle se sent à l’aise dans son rôle car si la situation s’arrangeait, elle n’aurait plus l’attention dont elle bénéficie, plus d’excuses pour justifier ses problèmes, et ne pourrait plus cacher sa paresse d’assumer ses responsabilités.
Une personne qui est prête à tenir le rôle de Victime cherche alors un Sauveur, et par conséquent, elle appelle quelqu’un d’autre à être son Persécuteur. Si personne ne veut jouer le rôle du Persécuteur, la Victime l’inventera (ce sera alors les corvées, les factures…).
Le rôle du Sauveur
Devenir Sauveur, c’est tenir un rôle plutôt gratifiant. Il permet d’avoir une bonne image de Soi et aussi une bonne image auprès des autres. Mais ce n’est pas tout, car cela lui apporte de la satisfaction que quelqu’un lui fasse confiance et il se réjouit d’avoir quelqu’un dépendant de lui, et donc d’avoir du contrôle sur lui.
Et c’est là tout le problème, le Sauveur place la Victime en incapacité : pour lui, la Victime ne pourrait pas s’en sortir sans sa présence. Le Sauveur est bien souvent une ancienne Victime d’un autre Jeu qui ressent du mal-être en voyant la même situation se produire chez autrui, ce qui le pousse à agir même quand on ne lui a rien demandé.
Ses phrases favorites sont : « Je suis occupé mais je vais t’aider » – « J’ai fait ça pour toi » – « Laisse-moi m’en occuper » – « Je vais régler ça ». Le Sauveur n’a ainsi pas plus d’intérêt à ce que la situation s’arrange car tout comme la Victime, si le problème prend fin, il n’a plus de raison d’exister et la personne qui jouerait ce rôle perdrait ainsi tous ses avantages. Pour que le Sauveur puisse perdurer, il a besoin d’une Victime mais aussi d’un Persécuteur pour justifier son existence.
Le rôle du Sauveur est à différencier des « sauveteurs » : pompiers, secouristes… qui eux passent à l’action et corrigent la situation en ne faisant pas semblant d’essayer comme le fait le Sauveur.
Le rôle du Persécuteur
Le Persécuteur – aussi appelé Bourreau – tire son intérêt en libérant ses pulsions agressives sur quelqu’un d’autre, la Victime. Il le fait souvent pour obtenir quelque chose en retour, c’est à dire s’imposer sur la Victime de manière violente et à son propre bénéfice.
C’est d’ailleurs souvent un Sauveur déçu qui, ne sachant plus comment s’y prendre, emploie la manière forte, ou bien encore une Victime qui a décidé de se protéger et se venger.
Il établit les règles, décide, dirige et corrige à la moindre erreur. Il ne pardonne pas le plus petit écart et n’hésite pas alors à tenir des propos dévalorisants, voire humiliants, à faire des critiques destructrices, à mettre son interlocuteur en position d’infériorité, à faire culpabiliser. Toutefois, ce n’est qu’un rôle et en vérité il cache une personne pétrifiée de peur face aux relations et qui cherche à se défendre d’un ennemi imaginaire.
Ses phrases favorites sont : « Tu ne fais rien comme il faut » – « Je te le dis tout le temps » – « Tu n’arrêtes jamais de »… Le Persécuteur n’est pas forcément une personne, cela peut aussi être une maladie, un handicap, une addiction.
Le Persécuteur, tout comme les autres protagonistes, ne reste pas toujours le Persécuteur. Les rôles peuvent être redistribués lors des fameux « coups de théâtre » lorsque la situation qui devient intenable pour l’un des protagonistes, lui fait alors changer de rôle et change par là-même celui des autres.
Par exemple : Un Sauveur fatigué de ne pas voir la Victime le laisser agir, deviendra Persécuteur. Ou bien la Victime fatiguée de voir le Sauveur tout décider, choisira d’être Persécuteur. Le Persécuteur adapte ensuite son rôle en fonction de ce changement, si le Sauveur devient Persécuteur, le Persécuteur deviendra Sauveur, ou si le Sauveur est rejeté par la Victime il deviendra Victime lui-même et la Victime, Persécuteur.
Sortir du Triangle de Karpman
Les rôles joués dans un tel triangle sont destructeurs et vous conduisent à vous enfermer dans une spirale infernale qui ne vous rendra pas heureux malgré les quelques bénéfices dont vous croyez pouvoir tirer, d’autant plus que tout cela conduit à une fausse perception de la réalité.
Ainsi, si vous pensez jouer un rôle dans un triangle de Karpman, vous devriez songer à en sortir.
Pour commencer, il faut déjà prendre conscience du rôle que l’on joue et celui des autres personnes autour de nous. Regardez la relation que vous avez avec ceux-ci, pensez à vos émotions et comportements dans la vie de tous les jours car ce sont toujours les mêmes scénarios qui reviennent inlassablement dans ce jeu psychologique.
Une solution simple pour se sortir de là c’est de ne pas assumer votre rôle. Pour que le Triangle de Karpman fonctionne il faut une Victime, un Persécuteur, et un Sauveur.
1. Vous avez tendance à vous plaindre ? Vous devez rester acteur de votre vie, responsable et ne pas vous poser en victime et ne jamais attendre des autres qu’ils vous prennent en charge lorsque vous êtes en difficulté.
2. Vous avez tendance à sauver les autres ? Vous devez vous rappeler qu’aider n’est pas sauver, et vous demander lorsque vous avez envie d’intervenir : si la personne que vous aidez vous a fait une demande, si l’effort est partagé ou si vous allez tout faire seul(e), et si vous avez bien défini la limite de cette aide.
3. Vous avez tendance à être agressif ? Vous devez veiller à tempérer votre colère lorsque vous êtes mécontent du travail des autres, du comportement de vos proches, et à communiquer sans être agressif ou trop autoritaire.
Un autre moyen de s’en sortir est de jouer le « miroir » : si votre interlocuteur joue la Victime, faites la Victime ; s’il joue le Sauveur, faites le Sauveur et s’il joue le Persécuteur, faites le Persécuteur. C’est une bonne façon de bloquer le jeu car vous ne jouez pas le rôle complémentaire. Par exemple, si quelqu’un se plaint à vous de ses difficultés pour que vous le preniez en charge, parlez vous aussi de vos propres malheurs et difficultés en essayant vous aussi de vous faire prendre en charge. Cela lui enverra le message clair que vous n’êtes pas complémentaire et qu’il devra aller chercher ailleurs son partenaire de Jeu !
Rester bienveillant et factuel, informatif, interrogatif, neutre et professionnel peut aussi signifier que l’on ne se laisse pas prendre. Demandez de clarifier très précisément ce qui est attendu de part et d’autre dans la relation peut aussi aider l’interlocuteur à se « re-saisir » pour répondre aux questions et participer à une discussion plus productive.
La meilleure solution est peut-être de ne pas se prendre dans ce Jeu en veillant à vous sortir de votre rôle dès que vous le reconnaissez dans une relation quelconque.
Source : www.penserchanger.com
4 commentaires sur “Sortir du triangle de Karpman”
Bonjour Constance, belle journée à vous également.
Un grand merci pour cet article très clair !! Belle journée
Bonjour Sylvain, merci pour votre appréciation ! A bientôt.
Hello ! Un petit commentaire en plus pour vous. Tres bon site 🙂